Le long chemin vers une alimentation locale et biologique

Lorsque j’ai repris le moulin Dufau, je l’ai fait avec l’ambition de vous proposer des farines biologiques et locales. Jean Paul Dufau à qui j’ai repris l’activité avait déjà fait un gros travail dans ce sens. Il a passé le moulin en agriculture biologique en travaillant avec plusieurs producteurs du coin.

Une évolution importante depuis quelques années

Comme M. Dufau, de plus en plus de monde se demande comment se nourrir en encourageant une économie locale, respectueuse de l’environnement. En 2017, lorsque je suis arrivé, la demande en farine Biologique et locale augmentait déjà beaucoup. Il a fallu trouver comment nous pouvions y répondre. Petit à petit, nous avons tous les deux amélioré l’organisation, rénové le moulin. Jusqu’à finalement embaucher pour satisfaire le plus de monde possible.

Grâce à ces actions, nous devrions pouvoir proposer 2,5 fois plus de farine cette année qu’il y a 4 ans. Pour vous faire une idée des ordres de grandeur, la production du moulin devrait permettre cette année de fournir l’équivalent de la farine consommée par environ 3200 personnes. Ce qui correspond à deux tiers des habitants de Salies de Béarn ou 0,47% de la population des Pyrénées Atlantiques. Pour assurer cette production il nous faudrait 200 tonnes de blé à l’année. Ce qui représente un besoin d’environ 100 à 150 hectares cultivés. Soit 0,15% des surfaces utilisées par la culture des céréales dans le département. Pour information, le 64 ne compte aujourd’hui plus que 3 moulins en activité.

Pour faire de la farine biologique et locale, il faut un moulin mais également des agriculteurs qui cultivent les céréales. Nous portons une attention particulière à nos approvisionnements en céréales, comme vous pouvez vous y attendre.

Sur ce site vous pouvez trouver la liste des producteurs avec qui nous travaillons. Nous pouvons vous donner une liste exhaustive de ces producteurs parce que nous travaillons en direct avec eux. Le fait de ne pas passer par des coopératives nous permet de nous assurer de la traçabilité des céréales : leur lieu de production ainsi que leur année de production.

Petit retour sur les dernières récoltes de blés :

  • En 2019, l’année a été particulièrement bonne avec de bons rendements pour l’ensemble de nos producteurs. Lors de cette récolte nous avions pu avoir 150 tonnes de blé dont 73% venant de moins de 100km, le reste venant au plus loin d’Astaffort dans le Lot et Garonne à 210km du moulin.
  • En 2020, la récolte a été beaucoup moins bonne. La météo très pluvieuse en début d’année partout dans le sud ouest a fait que nous n’avons pu avoir que 80 tonnes auprès des mêmes producteurs (dont 63% du 64 et 40). Plutôt que de fermer le moulin dès le mois de janvier 2021 faute de blé, nous avons dû en trouver d’autre. Dès la fin de l’été, nous avons contacté plusieurs producteurs dans le Lot et Garonne, dans les Landes, dans le Gers en élargissant notre rayon de recherche pour pouvoir continuer à vous proposer de bonnes farines toute l’année durant. Malheureusement la récolte a été mauvaise pour tout le monde et tous avaient déjà vendu leur récolte ou la gardaient pour leur propre utilisation. Par le biais de différents contacts, nous avons rencontré Manuel F. Muñio Alcalde agriculteur avec son frère et son père à Leciñena entre Huesca et Saragosse en Aragon. Là-bas, ils cultivent en agriculture biologique : Blé, Blé dur et Avoine. Les Pyrénées aidant, la météo a été plus clémente par chez eux. Leur récolte va nous permettre d’avoir assez de blé pour toute l’année. Autre bonne nouvelle cela nous permet de ne pas trop nous éloigner non plus puisqu’il ne sont qu’à 260km.

Notre objectif est bien évidemment d’encourager une production encore plus locale et de faire travailler les agriculteurs bio du département.

Les premiers freins que rencontrent les agriculteurs qui voudraient faire du blé sont :

  • L’humidité de notre département. Le blé n’est pas une culture évidente dans le 64. Un agriculteur bio béarnais va produire environ 30% de moins de blé à l’hectare qu’un agriculteur bio gersois. L’humidité importante de notre département amène des risques pour le blé. Notamment les mycotoxines qui se développent lorsqu’il fait trop humide dans le champs et dans les silos. Des récoltes entières peuvent être rendues inutilisables.
  • Les infrastructures de stockage et de tri. Une fois la récolte faite, il faut trier et stocker le grain dans de bonnes conditions avant de le moudre. En agriculture biologique, une partie des agriculteurs s’est équipée pour cela. Mais il manque encore beaucoup de capacité de stockage et de tri en bio.

Pour pouvoir s’assurer d’avoir suffisamment de blé une année, il faut convaincre des agriculteurs de cultiver du blé. Cela peut se faire au moment où ils décident de leur rotation, généralement entre avril et juillet. Une fois convaincu, l’agriculteur va semer son champ fin octobre. Et nous verrons le résultat en juillet de l’année suivante.

Pour convaincre, il est nécessaire que l’agriculteur s’y retrouve financièrement. Qu’il ait des conseils d’un autre agriculteur qui a déjà fait du blé. Et qu’il puisse stocker sa récolte au moins une partie de l’année. Nos leviers actuels sont : le prix d’achat du blé et le la mise en relation avec nos producteurs actuels.

La prochaine étape est pour nous de devenir autonome en terme de stockage et de tri. C’est un investissement très important et nous n’en sommes qu’à l’étude de faisabilité.

Sachez que nous fournissons tous les efforts possibles pour permettre aux farines biologiques et locales d’exister.


Sources des chiffres :

  • Chiffres de la consommation de farine : Passion Céréales. Nous avons inclus la consommation de pâtes qui sont produite généralement à partir de semoules de blé dur car elles peuvent également être faites à partir de farine.
  • Population des Pyrénées Atlantiques : Wikipédia
  • Population de Salies de Béarn : Wikipédia
  • Surface Cultivées dans les Pyrénées Atlantiques : Chambre d’agriculture
  • Les chiffres de rendement à l’hectare sont tirés directement des constats fait auprès de nos producteurs. Ils peuvent connaître d’importantes variations d’une parcelle à l’autre.

7 réflexions sur “Le long chemin vers une alimentation locale et biologique”

    1. Bonjour,

      Là, nous sommes presque prêt pour proposer plusieurs types de farine de maïs ainsi que de la polenta. Nous ferons des essais avec du blé dur mais je ne peux pas vous dire encore quand. Nous devons trouver le blé pour faire les essais, voir ce que nous arrivons à faire et ensuite nous organiser pour pouvoir vous proposer quelques choses à la vente.

  1. Bonjour,
    Bravo pour ce que vous faites.
    J’ai commencé à acheter votre farine l’an dernier et j’ai converti un petit cercle d’amies de me suivre.
    Je fais toute ma boulange au levain et je dois vous dire que je suis ravie de ma production.
    Continuez comme ça, nous vous suivrons c’est certain !

  2. bonjour Romain, super intéressant. J’espère venir te rencontrer bientot. En reconversion pour ouvrir une boulangerie au levain à Pau, mes recherches et mes contacts (Cyril chez qui j’étais hier ou Marc) me font tous converger vers ton moulin. Au plaisir d’échanger ! Quentin

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